In English:
The heritage of the Orthodox Christian tradition in Africa today
La fidélité dans la continuité à la foi
des Pères de l’Église, sous le sceau des sept premiers Conciles
œcuméniques et la fidélité à la saine doctrine de l’Église constituent
le véritable fondement de la Tradition orthodoxe. Le principe essentiel
de cette continuité réside non seulement dans la succession apostolique
de l’épiscopat à travers laquelle chaque Église locale manifeste et
maintient son unité organique et son identité avec l’Église une, sainte,
catholique et apostolique, mais également dans la pureté de la foi et
la catholicité de sa vie, garante de son unité dans le temps et dans
l’espace.
Cette fidélité réside également dans la
Tradition théologique et spirituelle de l’Église, qui est la
manifestation de sa vie dans l’Esprit-Saint, « communiquant à chaque
membre du Corps du Christ, la faculté d’entendre, de recevoir, de
connaître la Vérité dans la Lumière qui lui est propre, et non selon la
lumière naturelle de la raison humaine »[1]. Cette fidélité réside
aussi dans le respect de la filiation des Eglises locales. « Dire que
telle Église locale tire sa canonicité de l’Église universelle, par
exemple, et non d’une autre Église locale, implique le refus de la
filiation spirituelle, ce qui est aussi mortel au niveau ecclésial qu’au
niveau personnel. Cette filiation est indispensable à la gestation, à
l’engendrement comme à la maturation de l’être spirituel ; elle est indispensable à la nouvelle naissance d’en-haut.
La Tradition de l’Église signifie la
« transmission » du don du Saint-Esprit ; et cette transmission, comme
tout ce qui se passe dans l’Église de la Divinité Tri-personnelle, ne
peut être que personnelle, s’effectuer d’une personne à une autre, dans
l’unité d’obéissance qui découle de l’amour. La Tradition est la Tradition de nos Pères, ceux qui ont ouvert nos yeux spirituels ».[2]
La Tradition, est aussi, comme le disait
Vladimir Loosky, « l’esprit critique de l’Église » c’est-à-dire que
loin d’être rivée à un immobilisme stérile, en elle se manifeste, dans
la grâce de l’Esprit-Saint, sa fécondité et sa créativité. En elle, « la
théologie, dans la ligne patristique, à toute époque n’est pas
répétitive » mais témoigne, « dans la fidélité du dépôt apostolique »
d’une continuité de l’Écriture, convoquant au cœur des nouveaux enjeux
existentiels de la modernité, de ses défis, de ses questionnements, une
actualisation du message évangélique, une parole ancienne mais toujours
renouvelée à chaque époque et qui résonne au cœur de la modernité par
son actualité, en témoignant du jaillissement du cœur de Dieu dans le
monde d’un flot intarissable d’amour pour le rachat et le salut de sa
créature. L’Église orthodoxe est le don, la manifestation, la
croissance, la plénitude de cette nouveauté, dans sa fidélité
évangélique, apostolique et patristique et dans sa vitalité créatrice,
divinement offerte.
L’Orthodoxie est la vraie foi,
embrassant par son universalité la vie de tous les peuples et de toutes
les nations dans leurs conditionnements culturels, nationales et
ethniques, faisant rayonner par sa catholicité la plénitude de la foi
dans le Dieu trinitaire en chaque nation qu’elle ensemence de ses dogmes
vivifiants. Elle est une source de vie et de fécondité, par sa fidélité
à l’Évangile, à l’enseignement des Apôtres et des saints Pères, par sa
confession de la foi juste, et la garde des dogmes salutaires dont les
hiérarques, le clergé et le peuple des fidèles, moines ou laïcs assurent
à chaque moment de son histoire, le dépôt et la sauvegarde contre les
déviations et les hérésies. L’Église [orthodoxe] étant catholique dans
toutes ses parties, chacun de ses membres – non seulement le clergé,
mais aussi chaque laïque – est appelé à confesser et à défendre la
vérité de la tradition, […] »[3]. Elle témoigne « unanimement d’une
seule Vérité – de ce qui est gardé toujours, en tout lieu et par tous »
(Saint
Vincent de Lérins).
[1] Vladimir Loosky, La Traditions et les traditions, (texte dactylographié)
[2] Emilie van Taack, La fondation de la Paroisse des Trois Saints
Hiérarques : les fondements théologiques et spirituels du retour à
l’Icône. 1925-1945, in L’Iconographie de l’Église des Trois Saints
Hiérarques, page 28, Éditions du Patriarcat de Moscou, Diocèse de
Chersonèse, Paris 2001.
[3] En vue de la sauvegarde de la
vérité, le peuple des fidèles peut « s’opposer même aux évêques s’ils
tombent dans l’hérésie » Vladimir Lossky, Essai sur la théologie mystique de l’Église d’Orient, Introduction, page 14, Les Éditions du Cerf, 1990
L’Église orthodoxe, dans sa fidélité à
la Tradition de l’Église indivise des premiers siècles, est présente
localement en différents lieux et est établie sur le principe d’une
communion entre elles et dans l’unique Corps du Christ, des Églises
locales qui englobent, chacune, en leur sein plusieurs
nations-ethnies[1].
Cet héritage qui s’offre aujourd’hui à
l’Afrique et qui est reçu dans un engagement de foi par les peuples de
ce continent, est moins un héritage doctrinal qu’un mode de vie, d’une
actualité toujours novatrice et créatrice, enracinée dans le terreau de
la Tradition conciliaire des premiers siècles de l’Église. L’offrande
aux hommes de tous peuples, langues et cultures par l’Orthodoxie, d’une
plénitude de vie, reflet de la vie divine et trinitaire, transparaît
dans sa liturgie, dans ses rites, ses offices, dans la Parole de
l’Évangile toujours continuée dans les écrits des Pères de l’Église,
ceux des premiers siècles et ceux que l’Esprit-Saint, dans les périodes
les plus actuelles de l’histoire, suscite comme des luminaires porteurs
de son Souffle au cœur du monde.
En considération de cette fidélité
créatrice dont elle a toujours témoigné, l’Église orthodoxe par sa
spiritualité, son sens du mystère de la divino-humanité, étranger à
l’esprit de la rationalité scolastique, et son dynamisme propre, suscite
à chaque époque un renouvellement du cœur et du visage des peuples, et
tente à la lumière de l’Évangile, d’actualiser le message du Christ au
cœur de l’histoire, d’apporter une réponse appropriée aux besoins du
monde à chaque étape de son cheminement historique. Un tel
renouvellement nécessite de la part des peuples qui accueillent la
tradition de foi orthodoxe, « un effort pour être de dignes héritiers du
témoignage de l’époque apostolique, […]. Ce renouvellement signifie le
renouveau de la vie du Christ en nous. Il nous faudrait arriver à vivre
avec le même sentiment de la présence du Christ que les premiers
chrétiens. Le Christ nous dit comme à eux : Je suis avec vous pour
toujours » (Mt 28, 20).[2]
L’offrande du cœur des enfants d’une
nation, dans la foi, la fidélité, les prières d’action de grâces au Dieu
glorifié dans la Trinité, suscite en retour une surabondance de
bénédictions et de grâces qui affine, dans la lumière, le visage d’une
nation. Car Dieu est le « défenseur de ceux qui espèrent en lui […], qui
sauve le peuple qui s’humilie, mais humilie les yeux des orgueilleux »
(Ps 17, 31, 28). Le Roi David proclame « Bienheureuse la nation qui a
pour Dieu le Seigneur, le peuple qu’il s’est choisi en héritage (Ps 32,
12).
La nation est un creuset de
fructification des arrhes de l’Esprit que l’Église du Christ, présente
au sein de chaque peuple doit porter à maturation dans les âmes de ses
enfants. Car « L’Église est l’avènement de l’humain »[3]. C’est en elle
que se révèle la beauté lumineuse du visage des hommes et des femmes,
beauté qui n’est autre que le resplendissement de l’âme qui communie en
Jésus-Christ à la Source de toute beauté dans la création. Si l’Église,
en tant que communauté eucharistique, est le lieu où sont administrés
par les sacrements, les remèdes salutaires de la guérison de l’homme
séparé de Dieu, la nation, en sa qualité de communauté ethnique et
linguistique est le creuset dans lequel doivent s’épanouir les valeurs
d’union, de communion dans l’amour, de fraternité, de solidarité de ses
membres, car elle est appelée en tant qu’icône préfigurative de
l’Église, à une vie de vérité, de justice et d’équité.
[1] Canon 57 du Concile de Carthage de l’an 419. Une Église qui s’étend » d’un bout à l’autre de l’univers » (expression dans l’offrande de la sainte Eucharistie ; divine liturgie de St Basile le Grand de Césarée).
[2] M.-A. Costa de Beauregard, Dumitru Staniloae « Ose comprendre que je t’aime », page 37, Coll. Témoins spirituels d’aujourd’hui, Éditions du Cerf, 1983.
[3] Marc-Antoine Costa de Beauregard, Dumitru Staniloae « Ose comprendre que Je t’aime », page 14, Coll. Témoins spirituels d’aujourd’hui, Les Éditions du Cerf, Paris 1983.
Voir aussi
Sur
l'Église orthodoxe du Togo: Institut de la Dormition de la Mère de Dieu
d’Ahépé - Les structures scolaires du village d’Ahépé
Eglise orthodoxe du Togo
Eglise orthodoxe du Togo
Historique de l’accueil de la tradition de l’Église orthodoxe dans les pays d’Afrique subsaharienne au début du XXe siècle
Patriarcat grec Orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique
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