Par Daniel Bier [*]
Contrepoints
Publié le dans Europe, Nation et immigration
Si vous suivez l’actualité, vous n’avez pas pu passer à côté de ces récits de réfugiés qui se noient en tentant de traverser la mer Méditerranée sur des bateaux surchargés. Fin avril, plus de 900 personnes sont décédées après que le bateau a chaviré le long de la côte libyenne. Et un autre bateau a coulé dans la mer Égée, faisant au moins une victime.
Le New York Times rapporte que 1 200 personnes sont mortes noyées en une semaine en avril, alors que cette année est déjà en passe d’être la pire de l’histoire en termes de nombre de victimes parmi les migrants. Le nombre de morts cette année en mer Méditerranée a déjà possiblement dépassé 1 500, une augmentation drastique par rapport à la même période l’année dernière.
Avec l’arrivée d’une météo plus clémente, le nombre de migrants tentant la traversée sur des bateaux de trafiquants a considérablement augmenté, plus de 11 000 personnes ayant été secourues durant les 17 premiers jours d’avril.
Durant toute l’année dernière, 3 200 migrants sont morts durant la traversée, et presque 130 000 ont été secourus par la marine italienne. Le Times estime que la crise des migrants est proche des niveaux records, puisque un grand nombre de peuples fuit actuellement des zones sans ressources et ravagées par la guerre comme l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak, mais aussi des pays africains comme la Gambie, la Somalie, le Mali et l’Érythrée.
La plupart de ces réfugiés internationaux se déplacent vers l’Europe en passant par la Libye, le désordre actuel de cette dernière permettant à des trafiquants d’opérer sans craindre des interventions de l’État libyen. Le Times a schématisé sur la carte suivante les flux de demandeurs d’asiles africains et moyen-orientaux en direction de la Libye.
Au milieu de tout cela, le Professeur Hans Rosling (vous avez peut-être vu ses vidéos sur l’espérance de vie humaine et la machine à laver magique – si ce n’est pas le cas, vous devriez) pose une question curieuse : pourquoi ne prennent-ils pas l’avion ?
C’est une question intéressante. Plutôt qu’entreprendre un voyage risqué qui consiste à traverser des pays en situation d’échec ou en guerre civile pour embarquer sur de minuscules bateaux dangereusement surchargés, pourquoi les réfugiés et migrants ne prennent-ils pas un vol à la fois sûr, court et pratique vers l’Europe pour demander ensuite l’asile une fois là-bas ?
Ce n’est pas parce c’est trop cher. Rosling indique qu’une place sur un de ces bateaux coûte 1 000€, voire plus, alors qu’un vol depuis l’Éthiopie vers la Suède coûte seulement 400 € ; un vol depuis le Liban vers le Royaume-Uni coûte également 400 € ; et seulement 320 € de l’Égypte vers l’Italie.
Ce n’est pas non plus parce que leurs gouvernements les en empêchent. Globalement, ces États n’ont pas d’intérêt à stopper cette émigration et n’en ont de toute façon pas la capacité (l’Érythrée étant probablement l’exception, puisque beaucoup de gens la quittent pour éviter le service militaire).
Ce n’est même pas parce que l’Europe ne les acceptera pas. Beaucoup de nations européennes, comme l’Allemagne ou la Suède, sont accommodantes pour les demandeurs d’asile.
C’est en fait une question d’incitation. Rosling détaille :
Rosling signale la Directive Européenne 2001/51/EC, qui précise – en essence – que, pour combattre l’immigration illégale, « une
compagnie aérienne ou maritime qui transporte une personne sans
document d’entrée valide doit supporter tous les coûts liés au retour de
cette personne dans son pays d’origine. »
La directive dispense explicitement les migrants qui possèdent des droits en tant que réfugiés selon les termes des Conventions de Genève. Cependant, qui détermine qui est un réfugié « légitime » et qui est juste un « immigrant illégal » ?
Dans les faits, l’Union Européenne délègue cette responsabilité aux employés des comptoirs d’enregistrement des compagnies aériennes, et s’ils se trompent – par rapport au jugement du pays de destination – la compagnie aérienne doit supporter tous les coûts de retour.
Toutes ces incitations vont dans le sens d’un refus pour quiconque ne possède pas de visa du pays de destination, même si – selon les réglementations de l’Union Européenne et les Conventions de Genève – les réfugiés peuvent avoir le droit de prendre l’avion puis faire une demande d’asile ensuite.
Selon Rosling, « cette directive est la raison pour laquelle tant de réfugiés se noient dans la mer Méditerranée ».
****
[*] Daniel Bier est rédacteur en chef de Anything Peaceful. Ses articles concernent la science, les libertés civiles et la liberté économique.
Traduction pour Contrepoints de « Why are so many refugees drowning ».
Avertissement de modération : Les commentaires à caractère xénophobe ou raciste ne sont pas tolérés sur Contrepoints et déclencheront des bannissements.
Voir aussi
Les migrants, prétexte à une nouvelle donne économique
Contrepoints
Publié le dans Europe, Nation et immigration
Si vous suivez l’actualité, vous n’avez pas pu passer à côté de ces récits de réfugiés qui se noient en tentant de traverser la mer Méditerranée sur des bateaux surchargés. Fin avril, plus de 900 personnes sont décédées après que le bateau a chaviré le long de la côte libyenne. Et un autre bateau a coulé dans la mer Égée, faisant au moins une victime.
Le New York Times rapporte que 1 200 personnes sont mortes noyées en une semaine en avril, alors que cette année est déjà en passe d’être la pire de l’histoire en termes de nombre de victimes parmi les migrants. Le nombre de morts cette année en mer Méditerranée a déjà possiblement dépassé 1 500, une augmentation drastique par rapport à la même période l’année dernière.
Avec l’arrivée d’une météo plus clémente, le nombre de migrants tentant la traversée sur des bateaux de trafiquants a considérablement augmenté, plus de 11 000 personnes ayant été secourues durant les 17 premiers jours d’avril.
Durant toute l’année dernière, 3 200 migrants sont morts durant la traversée, et presque 130 000 ont été secourus par la marine italienne. Le Times estime que la crise des migrants est proche des niveaux records, puisque un grand nombre de peuples fuit actuellement des zones sans ressources et ravagées par la guerre comme l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak, mais aussi des pays africains comme la Gambie, la Somalie, le Mali et l’Érythrée.
La plupart de ces réfugiés internationaux se déplacent vers l’Europe en passant par la Libye, le désordre actuel de cette dernière permettant à des trafiquants d’opérer sans craindre des interventions de l’État libyen. Le Times a schématisé sur la carte suivante les flux de demandeurs d’asiles africains et moyen-orientaux en direction de la Libye.
Au milieu de tout cela, le Professeur Hans Rosling (vous avez peut-être vu ses vidéos sur l’espérance de vie humaine et la machine à laver magique – si ce n’est pas le cas, vous devriez) pose une question curieuse : pourquoi ne prennent-ils pas l’avion ?
C’est une question intéressante. Plutôt qu’entreprendre un voyage risqué qui consiste à traverser des pays en situation d’échec ou en guerre civile pour embarquer sur de minuscules bateaux dangereusement surchargés, pourquoi les réfugiés et migrants ne prennent-ils pas un vol à la fois sûr, court et pratique vers l’Europe pour demander ensuite l’asile une fois là-bas ?
Ce n’est pas parce c’est trop cher. Rosling indique qu’une place sur un de ces bateaux coûte 1 000€, voire plus, alors qu’un vol depuis l’Éthiopie vers la Suède coûte seulement 400 € ; un vol depuis le Liban vers le Royaume-Uni coûte également 400 € ; et seulement 320 € de l’Égypte vers l’Italie.
Ce n’est pas non plus parce que leurs gouvernements les en empêchent. Globalement, ces États n’ont pas d’intérêt à stopper cette émigration et n’en ont de toute façon pas la capacité (l’Érythrée étant probablement l’exception, puisque beaucoup de gens la quittent pour éviter le service militaire).
Ce n’est même pas parce que l’Europe ne les acceptera pas. Beaucoup de nations européennes, comme l’Allemagne ou la Suède, sont accommodantes pour les demandeurs d’asile.
C’est en fait une question d’incitation. Rosling détaille :
« Qu’est-ce qui empêche les réfugiés
de prendre un avion pour l’Europe et d’y demander asile ? Ils peuvent
accéder à l’aéroport et ils ont les moyens de s’acheter un billet. En
revanche, ils sont arrêtés par les compagnies aériennes au comptoir
d’enregistrement qui les empêchent d’embarquer dans l’avion. »
La directive dispense explicitement les migrants qui possèdent des droits en tant que réfugiés selon les termes des Conventions de Genève. Cependant, qui détermine qui est un réfugié « légitime » et qui est juste un « immigrant illégal » ?
Dans les faits, l’Union Européenne délègue cette responsabilité aux employés des comptoirs d’enregistrement des compagnies aériennes, et s’ils se trompent – par rapport au jugement du pays de destination – la compagnie aérienne doit supporter tous les coûts de retour.
Toutes ces incitations vont dans le sens d’un refus pour quiconque ne possède pas de visa du pays de destination, même si – selon les réglementations de l’Union Européenne et les Conventions de Genève – les réfugiés peuvent avoir le droit de prendre l’avion puis faire une demande d’asile ensuite.
Selon Rosling, « cette directive est la raison pour laquelle tant de réfugiés se noient dans la mer Méditerranée ».
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[*] Daniel Bier est rédacteur en chef de Anything Peaceful. Ses articles concernent la science, les libertés civiles et la liberté économique.
Traduction pour Contrepoints de « Why are so many refugees drowning ».
Avertissement de modération : Les commentaires à caractère xénophobe ou raciste ne sont pas tolérés sur Contrepoints et déclencheront des bannissements.
Voir aussi
Les migrants, prétexte à une nouvelle donne économique
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