Hiéromoine Théologue
De la fenêtre du Boeing 737, je pouvais
voir la jungle équatoriale dessous,
enveloppée dans son manteau brumeux
comme une infinie mer verte. J'ai revu
en mon esprit l'ensemble de belles
créations de Dieu - rationnelles et
l'irrationnelles - qui y vivent.
Après un vol d'environ une heure et
quinze minutes, nous avons atterri en
frôlant presque les sommets des grands
arbres puissants, lorsque la piste de
l'Impfondo (République du Congo) est
soudainement apparue devant nous. Parmi la foule qui attendait, je pouvais
discerner une grande silhouette portant
une soutane: c'était le diacre Serge. Au
temple nous avons été accueillis avec
des fleurs par plusieurs de nos fidèles.
J'ai apprécié quelques heures
merveilleuses de prières avec eux,
pendant le Grand Carême.
Leur participation quotidienne était
vivante pendant les Matines et les Grandes
Vêpres. Pendant la Divine Liturgie de
l'Annonciation et de la Vénération de la
Croix, la maison que nous avions louée
était remplie de néophytes, à
l'intérieur et à l'extérieur. Leurs âmes
étaient aussi remplies des vérités de
notre foi qui concernaient notre Sainte
Mère et la précieuse Croix, lors de la
catéchèse qui suivit.
Quoi que
le Seigneur nous inspirait de dire, ils
l'entendaient dans trois langues
différentes: en français, pour ceux qui
étaient allés ou allaient à l'école; en
lingala, pour beaucoup de femmes et les
analphabètes, et dans la langue baâka des
pygmées, comme les gens du pays les
appellent. Les Pygmées sont nombreux
parmi nos fidèles et ce sont des
ouailles très ponctuelles. Ils sont
nombreux parmi les habitants d'Impfondo,
après la création de deux districts aux
abords de la ville.
À la mi-mars, le gouvernement a organisé un autre type de forum pour les Pygmées. Des camps et des lieux de rencontre ont été créés en dehors de la ville, ainsi qu'un amphithéâtre pour les événements officiels. Beaucoup de visiteurs sont arrivés et d'énormes dépenses ont été faites. Le thème: la reconnaissance des droits des Pygmées et leur acceptation comme membres égaux dans les communautés locales. On leur a également attribué une section de la jungle à côté de la rivière, où ils ont construit leurs huttes. De cette façon, leur position parmi les Bantous, les autres Africains, a été officiellement améliorée, cependant, pas leurs finances, parce que rien n'a été laissé au cours de l'argent qui leur avait été abondamment attribué.
Ils ont
continué à venir à l'Eglise en haillons
sales. C'est la raison pour laquelle
nous avons organisé un comité pour les fidèles
et nous avons acheté et distribué des
vêtements (intacts, quoique de seconde
main) au bazar. Ce furent les vêtements
qu'ils portèrent également à leur
baptême.
Le 26 Mars, sur les rives du fleuve
Oubangui, j'ai effectué le baptême du
troisième groupe à Impfondo. Parmi les
catéchumènes, vingt-sept ont été
préparés, dont douze étaient de petits
enfants. Dix-sept étaient Bantous, dont
dix étaient des Pygmées, quatre hommes
et six femmes.
Une fois encore, une pirogue a été
utilisée comme plate-forme, afin que
l'eau soit assez profonde au point de
baptême [pour l'immersion]. Un assez
grand nombre de fidèles étaient venus,
et plusieurs de nos pygmées catéchumènes
étaient également présents, observant le
Sacrement du Baptême et se réjouissant
avec ceux qui étaient baptisés.
Ils étaient assis sous l'ombre des grands arbres sur les rives du fleuve. Nous, cependant, étions observés par le regard brûlant du soleil équatorial, ainsi que par les pêcheurs qui passaient près de nous avec leurs pirogues.
Ils étaient assis sous l'ombre des grands arbres sur les rives du fleuve. Nous, cependant, étions observés par le regard brûlant du soleil équatorial, ainsi que par les pêcheurs qui passaient près de nous avec leurs pirogues.
Le Baptême du groupe a duré plus de deux
heures, et les cœurs et les visages des
nouveaux baptisés brillaient, tout comme
leurs cierges blancs et leur chemise
blanche, il y en avait autant que nous
avions pu en trouver au marché. Les
anges les avaient aussi étreints avec
joie, les protégeant contre la fureur
des démons: lors de notre départ, nous
avons entendu un grand bruit derrière
nous, tandis qu'une grosse branche se
détachait d'un arbre gigantesque,
tombant exactement à l'endroit où,
seulement trois minutes avant cela, étaient
assis les familles des pygmées qui
observaient le sacrement.
Quand
nous sommes arrivés près de notre Eglise,
un scooter a heurté la petite Rebecca
alors qu'elle traversait la route. Elle
aussi avait observé le baptême avec sa
mère, toutes deux étant orthodoxes. Nous
l'avons emmenée à l'hôpital
immédiatement. Heureusement, elle n'a eu
que quelques contusions aux pieds: son
Ange la tenait par la main ...
Pendant la Divine Liturgie de la
vénération de la Précieuse Croix, les
vingt-sept nouveaux baptisés ont d'abord reçu
la Sainte Communion, puis, presque tous
les fidèles. Des rafraîchissements
étaient offerts, et une homélie sur la Précieuse Croix
a été prononcée. Les Pygmées chantaient
leur joie et dansaient, selon leur
propre tradition.
Cependant, ma joie fut rendue parfaite
par le report de mon vol le lendemain,
nous donnant l'occasion d'un autre
séjour de quatre jours dans cette ville africaine traditionnelle,
où un vélo primitif m'a aidé à mieux la
connaître, mais également permis les
conditions de maturation pour l'achat le
jour même de la propriété sur laquelle
l'église de Saint-Marc sera érigée.
L'évangéliste Marc, saint protecteur de
l'Afrique, s'occupera par la suite de la
nouvelle communauté orthodoxe, assurant
sa continuité et faisant en sorte que
les rêves de nos frères se matérialisent.
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