"...Jamais dans ma vie l'impact du passé d'esclavagiste de l'Amérique n'est devenu aussi réel pour moi que lorsque j'ai vu un prêtre afro-américain orthodoxe, vêtu d'une tenue cléricale, enfiler les fers d'esclave de son ancêtre. Et jamais ma soif de réconciliation en Christ n'a été aussi forte..."
Père Barnabas Powell
Pour
les chrétiens orthodoxes, l'Évangile de [...] dimanche [dernier] parle
d'une Samaritaine qui va chercher de l'eau dans un puits. Là, elle
rencontre le Christ, Qui lui offre l'Eau Vivante de l'Esprit.
Ce
passage est lu pendant la saison pascale -- les 40 jours de Pâques à
l'Ascension -- parce que Pâques était historiquement l'époque où les
baptêmes étaient faits, de sorte que les nouveaux convertis venaient
d'avoir leur propre rencontre personnelle avec le Christ dans les eaux
curatives de ce mystère.
En
plus de ce thème, je penserai à un autre quand il s'agit du dimanche de
la Samaritaine : celui de l'animosité raciale et de la réconciliation.
Pour
les Juifs tels que le Christ, les Samaritains étaient à bien des égards
pires que les païens (le sentiment était certainement réciproque). Les
autres peuples environnants étaient suffisamment différents pour être
considérés comme incapables de mieux connaître la Loi, mais les
Samaritains et leurs prétentions d'être les seuls et authentiques
gardiens de la loi touchaient de très près les Juifs.
Rien
ne nous ennuie et nous dérange autant que ceux qui sont si semblables à
nous que leurs différences reflètent notre propre identité. Quand on
est séparés, ce que vous faites vous concerne. Mais remplacez la
séparation par l'intégration, et soudain je me vois reflété en vous, ce
qui peut être inconfortable.
La
conversion de la Samaritaine, et celle de son village, est donc plus
que la conversion de quelques "étrangers" aléatoires. Elle offre un
aperçu de la réconciliation - un processus où les différences ne sont
pas abolies, mais où les divisions qui peuvent en résulter sont
surmontées.
Révérend Moses Berry,
Photo : monomakhos.com
Photo : monomakhos.com
C'est
un message puissant et parfois perdu de l'Evangile. J'ai été récemment
renouvelé en l'appréciant par une retraite à laquelle j'ai assisté
présidée par le Révérend Moses Berry, un prêtre afro-américain de
l'Église orthodoxe en Amérique.
Conférencier
dynamique avec une incroyable histoire de conversion, Père Moses sert
une paroisse qu'il a fondée sur les terres agricoles du Missouri que sa
famille possède depuis 1871, peu de temps après avoir été libéré de
l'esclavage. C'est là qu'il a également créé le Musée d'histoire
afro-américaine d'Ozarks, composé en grande partie d'objets de famille,
dont beaucoup lui appartiennent.
Le
plus étonnant pour moi était la manille en fer, avec des boules et des
chaînes, que son arrière-grand-père a été forcé de porter en tant
qu'esclave en transit. À mon grand étonnement, en parlant de cet
artefact, Père Moses l'a mis pour montrer comment il était porté.
Jamais
dans ma vie l'impact du passé d'esclavagiste de l'Amérique n'est devenu
aussi réel pour moi que lorsque j'ai vu un prêtre afro-américain
orthodoxe, vêtu d'une tenue cléricale, enfiler les fers d'esclave de son
ancêtre. Et jamais ma soif de réconciliation en Christ n'a été aussi
forte.
Ce
qui a aussi rendu la présentation de Père Moses percutante, c'est
l'absence de condamnation ou de culpabilisation des gens de ma
"couleur". C'était un frère qui parlait à ses autres frères en Christ.
Je
prie pour Père Moses et son ministère, pour que Dieu élève les autres
de sa communauté pour qu'ils deviennent membres du clergé dans son
église. Et je prie qu'en Christ, nous ne fassions qu'un.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Voir aussi
The realities of slavery, hopes and dreams for the African-American community for a Black Orthodox Priest in America (Père Moses Berry)
Sunday of the Samaritan woman (5th Sunday of Pascha): "Close to God is he who in his daily life becomes the light of Christ who enlightens his neighbours..."
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